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PrÉSentation

  • : Les Nouvelles du Goût du Monde
  • : Voici un blog consacré à la gastronomie et à l'alimentation, écrit par un journaliste professionnel en reconversion. Pour ses écrits dans la presse économique spécialisée, il a obtenu en 2007 le Prix Louise Weiss du journalisme européen.
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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 12:40

Certes, début février n’est pas le meilleur moment pour aller visiter les pays baltes, car non seulement il y fait un froid de canard, mais en plus le temps est gris et le soleil se couche très tôt. Mais pour ce qui est de la gastronomie, les bonnes surprises de la capitale lettone sont nombreuses, à commencer par les prix : vu le pouvoir d’achat d’un Bruxellois moyen, on y fait d’excellentes affaires. Pour une population locale qui gagne deux ou trois fois moins, c’est une autre histoire.

 

Ça commence bien

 

Pour rejoindre Riga depuis Bruxelles, on peut prendre Air Baltic à Zaventem, mais le moins cher est sans doute de passer par Charleroi et de prendre Ryanair où le billet aller-retour peut descendre jusqu’à 35 euros.

 

Et là, les surprises commencent bien pour le gastronome qui compte faire profiter ses hôtes lettons des spécialités belges. Ne vous torturez pas l’esprit pour savoir ce qui passera le contrôle de sécurité, puisque le supermarché duty free de Charleroi est très bien achalandé, avec des prix tout à fait corrects. On y trouve même un excellent champagne à dix euros la demi-bouteille, et quantité de „délicatesses” bien belges – on achètera tout de même ses chocolats à Bruxelles, chez Passion chocolat, Jean-Philippe Darcis, Frederic Blondeel ou Laurent Gerbaud.

 

Spécialités nationales

 

Premier réflexe: se procurer Riga this week, petite revue de poche où on trouve toutes les adresses et même plus, sur tout ce qu'il faut connaître de la ville, indispensable. Arrivé à Riga, on est rapidement briefé sur la spécialité du coin : les pelekie zirni, pois gris (bruns et bigarrés en fait) qui ont un petit air de capucijners hollandais. On en trouve partout, même en bio. Les supporteurs de hockey, le sport national, en mettent dans des boîtes en carton qu’ils agitent de toutes leurs forces pour faire un terrible boucan dans les stades.

 

Il n’est pas rare de croiser de tels énergumènes bariolés lors de promenades dans la ville. Ils nous rappellent utilement que les deux couleurs nationales (rouge et blanc) sont aussi celles de la fraise et de l’ail, deux aliments locaux très prisés dans le pays.

 

Un petit tour aux marché de Riga nous permettra de connaitre un peu mieux les habitudes alimentaires des habitants de la capitale. Les étals de fruits et de légumes sont très semblables aux nôtres, avec un peu moins de choix. La différence de pouvoir d’achat est telle qu’on ne se refusera rien.

 

Au chapitre des petits souvenirs à emporter, les couteaux à tartiner le beurre en bois de genévrier – qu’on trouve dans tous les pays baltes – et les ingénieux couteaux artisanaux pour faire des chips ou des copeaux feront bien l’affaire. Une alternative originale aux produits en bocaux ou en bouteille qui ne passeront de toute façon pas le contrôle des bagages a main à l’aéroport.

 

En parlant de spécialité, le kvass vaut le détour : c’est un soda sans alcool qui a la couleur mais pas le goût du cola, c’est une boisson fermentée a base de seigle, littéralement „bière de pain”. On a vraiment l’impression de boire du pain de seigle au cumin ! Le pain typique local, rupjmaize, au passage, est fait avec du seigle, soit gris, soit noir, mais très compact, parfumé au cumin des prés (carvi), avec sa caractéristique croûte brûlée. Délicieux avec du cottage cheese mélange à de la crème aigre, dont les Lettons sont très friands.

 

Les nez délicats éviteront peut-être de respirer et de goûter la choucroute locale, skābi kāposti. Ce chou en copeaux longtemps mariné dans son propre jus et d’autres légumes rappelle l’odeur de ce qu’il deviendra après digestion. Un vrai voyage dans le temps...

 

Pour faire descendre tout ça, on a un bon choix de bières dans le pays, mais la meilleure est incontestablement l’Uzavas, produite dans la ville côtière de Ventspils. Les bières locales sont assez concentrées et plutôt amères.

 

Réchauffement

 

En hiver, pas besoin de frigos : les yogourts sont directement poses sur les étals dehors. Il est temps d’aller à l’intérieur. Le marché couvert offre un spectacle très coloré. Les stands d’épices peuvent receler de bonnes surprises, mais pour ce qui est des noix à grignoter, goûter avant, car elles sont souvent éventées.

 

Les Lettons adorent les mets fumés. Tout y passe : le fromage, la viande, les volailles et les poissons. Le stand des poissons est incroyable, un vrai régal pour les amateurs d’oeufs de poisson de toutes sortes, et de poisson fumé. Quelle diversité ! Le saumon est ici succulent. Impayable chez nous, c’est une merveille abordable ici.

 

Un petit détour par le supermarché – sans grand intérêt pour ce qui est de l’alimentation, car on n’y trouve rien de spécial -  s’avère très utile au rayon vins. On y trouve de tout et à tous les prix : vins français, espagnols, italiens, sud-américains, californiens, mais aussi d’Europe centrale et de Georgie. On n’a pas osé goûter le vin pétillant de Riga...

 

Dégustations

 

Tiens, pourquoi ne pas aller justement se déguster une bonne bouteille au Vina Studija ( Wine Studio) au 10, Elisabetes iela („iela”, ça veut dire „rue” en letton) ? C’est un des lieux branchés de la capitale qui propose une belle sélection de vins français, espagnols et italiens a des prix très abordables. Le magasin peut même permettre de faire de belles affaires, comme ce Dom Pérignon 2000 à 170 euros la bouteille, impayable chez nous. Pour ce qui est du service et des tapas proposés en revanche, c’est un peu la déception, mais on passe un bon moment quand même.

 

En passant par un centre commercial Galeria Centrs a plusieurs étages, on s’arrête a la boutique de chocolats d’Emils Gustavs, merveilleuses boules de pralines de toutes les couleurs et pleines de très agréables surprises gustatives. C’est original et succulent : une tout autre façon de faire des chocolats qu’en Belgique mais qui vaut largement le détour. On en trouve au même prix dans la boutique duty free de l’aéroport de Riga, ne vous encombrez pas inutilement avant.

 

S’il y a un seul restaurant ou aller a Riga, c’est un peu plus loin au 19, Elisabetes iela chez mon ami Martins Ritins, propriétaire et chef du meilleur restaurant de Riga : Vincents. Un lieu magique où manger une cuisine très raffinée, inventive, avec des produits bio et slow food – Martins est aussi le Président de la section locale de Slow Food. La galerie de portraits ou Martins pose avec les grands de ce monde ne doit pas vous méprendre sur sa gentillesse ni sa modestie – sa cuisine se suffit d’elle-même. Le service est impeccable - voire spectaculaire - et la nourriture est exceptionnelle, du niveau d’un deux étoiles français. La cave est riche et les prix à la carte permettent toutes les folies – ce serait beaucoup plus cher chez nous. Un grand moment de pur bonheur gastronomique.

 

Insolite

 

Mais Riga recèle aussi des lieux insolites comme cet étonnant Kiploku Krogs (littéralement le „pub de l’ail”), situé dans la vieille ville au 3/5, Jekaba iela (mais attention, on y rentre par la Mazas Pils iela), où toute la carte est à base d’ail, même la glace en dessert ! L’odeur est caractéristique à l’entrée et l’addition est accompagnée de grains de café ou de persil plat au cas où on sort après. Les tapas sont excellents, mais les plats plus élaborés peuvent susciter des déceptions quant à leur raffinement. Il ne manque étonnamment qu’un produit ici : de l’aïoli ! Un bon moment tout de même, qui vaut le détour.

 

Au chapitre des restaurants insolites, on citera le restaurant Hospitalis (14, Stabu iela) où des infirmières sexy viennent vous donner la becquée comme à l’hôpital aux pires heures de l’occupation soviétique, assis sur une table d’opération ou une chaise gynécologique. On se promet de le tester lors d’un prochain séjour à Riga – pourvu que la nourriture n’ait pas le goût de médicament comme cela arrive parfois chez nous...

 

Pour se plonger dans le Riga médiéval, on ira tout d’abord prendre un verre de melnais balzams ou black balsam („baume noir”), au pub Riga Black Magic Bar, situe au 10, Kalku iela, où le décor est exceptionnel. Le personnel en costume d’époque vous servira au son d’une musique classique, des cocktails (chers) a base de ce Fernet Branca local centenaire, très amer et composé de 24 herbes, fleurs et racines médicinales différentes. Les pâtisseries n’y sont pas chères, dont un gâteau au chocolat succulent.

 

Un dîner au restaurant médiéval de Riga s’impose naturellement. Le Rozengrals se situe au sous-sol du 1, Rozena. Ambiance oubliettes assurée. Tout est en bois, pierre et fer forgé, et le personnel en costume, pas très souriant. Même les toilettes ont du style ! Pour ce qui est du menu où l’on trouve des recettes médiévales, c’est assez roboratif et bon, mais les plats de viande et de poisson sont assez chers, et les vins ne sont pas donnés. Bref, clairement un restaurant pour touristes, qui vaut tout de même le détour pour le dépaysement.

 

Un peu plus loin près de la cathédrale (d’où on peut voir tout Riga), se trouve un étonnant restaurant végétarien, le Kamala, au 14, Jauniela. C’est super classe et très zen. Trois cartes : végétarien, ayurveda et poissons. Pas cher pour nous, et très raffiné. En plus, la nourriture est à moitié prix tout le mois de février ! Le service est extrêmement lent, en revanche.

 

Signalons, à deux pas de là, le Cuba café au 15, Jauniela, très très sympa pour sortir le soir (mais ouvert dès 15h)  et danser la salsa – à laquelle excellent les habitués. Quelques tacos permettront de tenir jusqu’à la fermeture à 2h du mat’.

 

Un petit coup de mou ? Allons faire un tour à la Maison des thés Apsara, qui a plusieurs adresses à Riga. On a l’embarras du choix entre la sorte de pagode circulaire de la place Kr. Barona (près de l’opéra), où les jeunes amoureux viennent se prélasser sur les cousins à l’étage, dont les murs sont des baies vitrées offrant une vue panoramique sur l’extérieur, bruyant et agité. Le salon a aussi une adresse dans la vieille ville, au 22, Skārņu, qui offre cette fois-ci de petites alcôves pour tranquillement siroter un des cent thés que propose la maison, et accompagné, pourquoi pas, un bon narguilé. La prochaine fois, on ira à une 3e adresse un peu plus excentrée, une maison en bois très chaleureuse située au 2, Terbatas iela, Vermanes Darzs.

 

Et avec ça, on n’aura pas encore découvert toutes les richesses gastronomiques de Riga ! La prochaine fois, on ira au Carpe diem, magnifique club de jazz où on peut manger très correctement, au 10/12, Meistaru iela. On ne manquera pas, chaque deuxième lundi du mois, d’aller faire un tour au marché slow food des producteurs locaux au Berga Bazars, puis y prendre un café avec un chocolat d’Emils Gustavs au café éponyme, de style viennois. Pour la petite vodka avant d’aller dormir, on se contentera de respirer l’air du tram le soir en rentrant, il est assez chargé d’alcool…
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commentaires

R
Bonjour ,Je viens de découvrir ton blog , je le trouve super bien fait et très intéressant .Amitiés,Roland
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T
Riga, ville de naissance de mon grand-père, où je n'ai jamais mis les pieds. Il faudra que je remédie à ça...Petite remarque en passant, "achalandé", ça veut dire qu'il y a des clients (chalands) et ça n'a rien à voir avec la variété de l'assortiment proposé.
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