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  • : Les Nouvelles du Goût du Monde
  • : Voici un blog consacré à la gastronomie et à l'alimentation, écrit par un journaliste professionnel en reconversion. Pour ses écrits dans la presse économique spécialisée, il a obtenu en 2007 le Prix Louise Weiss du journalisme européen.
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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 18:03

Il n'est jamais trop tard pour bien faire. L'industrie agroalimentaire européenne a publié en grandes pompes le 13 septembre à Bruxelles son Agenda stratégique à l'horizon 2020. Il n'a d'autre objectif que de nous faire gagner des années de vie grâce à un meilleur régime alimentaire, concocté par les chercheurs.

Lorsqu'on a entendu parler de l'agriculture biologique ou du régime méditerranéen, on pourrait croire à une plaisanterie, mais il n'en est rien, c'est très sérieux. L'industrie agroalimentaire s'est enfin aperçu du lien entre nutrition et santé, et elle compte bien renverser la vapeur en n'étant plus le problème mais la solution. Il s'agit ici d'innover : nouveaux produits, nouveaux comportements alimentaires, nouveaux modes de production.

La nourriture de demain

Certes, on s'éloigne du goût originel des aliments et des traditions alimentaires prônés par Slow Food. A la place, le consommateur devra trouver des produits abordables, bons pour la santé, et judicieusement choisis selon ses goûts. Ses goûts, justement, devront être étudiés, scrutés, scannés pour modéliser ses comportements alimentaires. On découvrira certainement que les enfants gavés de télé (donc de publicités pour les aliments gras et sucrés) et de jeux vidéos se nourrissent mal et deviennent obèses.

Un des objectifs de l'industrie agroalimentaire est de faciliter l'accès à une nourriture saine, sûre et respectueuse de l'environnement : une nourriture dans laquelle on peut avoir confiance. Un plaidoyer pour le bio ? Non, évidemment ! Il s'agit ici de fournir des aliments de demain : alicaments (aliments qui soignent), compléments alimentaires et additifs avant même la naissance, aliments sur-mesure pour les différents groupes de consommateurs. Tout cela produit, évidemment, dans de nouvelles chaînes de production ultra-modernes et encore plus sûres qu'aujourd'hui.

Les OGM ne sont citées qu'une seule fois dans le document, au chapitre de la communication : le comble, pour un secteur qui y est si favorable. Utile précaution, plus probablement, pour ne pas ajouter à cet exercice quelque peu effrayant de science-fiction.

Renforcer le contrôle

Le véritable objectif transpire à chaque ligne de ce document : il s'agit de reconquérir la confiance des consommateurs, sans qui l'industrie agroalimentaire ne peut pas continuer à prospérer. Pour cela, il faut informer le consommateur et lui fournir une nourriture de qualité. La nourriture aseptisée sera celle de demain. Les microbes seront impitoyablement pourchassés. La salmonelle coûte 2 milliards de $ par an rien qu'aux Etats-Unis. Déjà qu'il n'y a plus beaucoup de bactéries dans les sols de l'agriculture conventionnelle, on va renforcer le contrôle à tous les niveaux.

Au moins peut-on se réjouir qu'en développant la recherche sur les résidus de pesticides dans la nourriture, on finira par comprendre leur rôle dans la (mauvaise) santé publique. Dans le chapitre "gestion de la chaîne alimentaire", l'industrie ne compte pas non plus favoriser les chaînes courtes et locales, mais au contraire mettre sous sa coupe toutes les PME du secteur en l'organisant de manière efficace et systémique.

Cette vision stratégique sera mis en oeuvre par une plateforme technologique cofinancée par l'Union européenne intitulée Food for life ("la nourriture pour la vie"), pompe à fonds communautaires pour la recherche. Un document qui donne froid dans le dos, qui répond par le menu à la question "à quelle sauce voulez-vous être mangés ?".

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