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31 mai 2007 4 31 /05 /mai /2007 16:32

Les avantages de l'agriculture biologique sont indéniables en termes de sécurité alimentaire, d'atténuation des effets des changements climatiques, de consommation d'énergie, de protection de la biodiversité, de sécurité hydrique, de développement rural et de santé publique. Ce sont les conclusions d'une Conférence internationale sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire qui a réuni dans les locaux romains de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture www.fao.org) du 3 au 5 mai 2007, plus de 350 participants issus de 80 pays.

Les modèles actuels de production alimentaire vont créer des problèmes à l'avenir, et les populations vulnérables seront plus durement touchées par les nouveaux problèmes environnementaux et macroéconomiques, selon la FAO. Les participants à la Conférence ont estimé que l'agriculture bio peut "atténuer" les effets des changements climatiques et l'impact des sytèmes alimentaires de type industriel.

Une volonté politique indispensable

Si l'agriculture bio contribue à la sécurité alimentaire, "sa capacité à affirmer son rôle dépend en grand epartie de l'existence d'une véritable volonté politique", comme à Cuba, ou en Egypte. La Conférence a ainsi exhorté les Etats à investir dans la sensibilisation et la formation à l'agriculture bio, à la recherche dans le domaine, à encourager la conversion des petites exploitations conventionnelles vers le bio, à supprimer les subventions pour les intrants chimiques (pesticides, engrais), à adopter des outils internationaux de garantie d'origine bio et à améliorer la traçabilité des produits bio via l'étiquetage.

On estime qu'en 2006, le marché mondial des produits agricoles bio s'élevait à 40 milliards de $, soit 2% du commerce alimentaire de détail. Ce chiffre pourrait grimper à 70 milliards de $ en 2012. L'agriculture bio occupe aujourd'hui 31 millions d'hectares de cultures et de pâturages certifiés et plus de 62 millions d'hectares de zones sauvages d'agriculture bio certifiée.

Moins gourmande que l'agriculture conventionnelle

L'utilisation d'intrants chimiques n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années, mais la productivité du secteur céréalier est en constant recul. Or, l'intensification durable de l'agriculture bio permettrait d'augmenter la production agricole de 56% dans les pays en développement. Contrairement aux idées reçues, son rendement est comparable à celui de l'agriculture conventionnelle. Mais lors du passage à l'agriculture bio, plus les intrants sont intensifs, plus le rendement chute, en comparaison. En revanche, les rendements doublent lors du passage au bio d'une production conventionnelle à faible apport d'intrants.

Les exploitations bio utilisent entre un tiers et la moitié d'énergie en moins par hectare que les exploitations classiques. Les systèmes de production bio ont permis de réduire, de 10 à 70% en Europe et de 29 à 37% aux Etats-Unis, le recours aux intrants dérivés de combustibles fossiles, "sauf pour la pomme de terre", estime le rapport de la FAO.

Bonne pour le climat

L'agriculture bio permet de piéger deux fois plus de carbone dans le sol (principalement dans les systèmes d'élevage bio) que dans le cas des systèmes de production conventionnels. Elle réduit les émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture : 48 à 60% de CO2 en moins et baisse des émissions d'oxydes d'azote dus à la mobilité réduite des sols. En revanche, les émissions de méthane sont comparables à celles de l'agriculture conventionnelle.

L'agriculture bio permet également une meilleure adaptation aux conséquences du réchauffement planétaire, notamment sur les ressources hydriques. Sans pesticides, elle pollue moins les nappes phréatiques, améliorant la qualité de l'eau. Elle diminue les besoins en irrigation des cultures, car elle contribue à une meilleure rétention d'eau, de 20 à 40% supérieure à celle observée dans les sols cultivés de manière conventionnelle. Elle permet donc des rendements supérieurs dans des régions touchées par le stress hydrique (sécheresses), une des pires conséquences des changements climatiques.

Bonne pour les hommes et les animaux

Grâce à une diversification accrue des aliments bio, plus riches en micro-nutriments, l'agriculture bio renforce la suffisance nutirtionnelle. Les systèmes de production bio renforcent les défenses immunitaires des animaux et la résistance des végétaux aux maladies. Les substances chimiques utilisées par l'agriculture conventionnelles sont responsables de près de 20.000 décès par an, souligne le rapport de la FAO.

Enfin, l'agriculture bio stimule le développement rural en créant des revenus et des emplois dans des zones où les populations n'ont d'autre choix que de recourir à la main d'oeuvre, aux ressources et aux connaissances locales. Toutefois, les menaces du commerce international pèsent sur cette production locale et il faut interdire les importations d'aliments bio lorsqu'ils sont produits localement, à l'instar de la Suisse.

Attention à l'industrialisation

La Conférence a également mis en garde contre une industrialisation de l'agriculture bio, car le danger est que les grandes sociétés agroalimentaires se contentent de simplement remplacer leurs engrais et pesticides par des équipements de lutte biologique, tout en continuant à pratiquer la monoculture. Les bénéfices en termes de biodiversité et de développement rural ne seront pas au rendez-vous. Comme les investissements dans l'agriculture bio dépendent en grande partie du secteur privé, le danger est réel.

Pour plus d'information (en français) : www.fao.org/ORGANICAG/ofs/index_fr.htm

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